Auguste Bébian
Bien que je sois né à la rue Bébian à Basse-Terre, que plus tard, je sois allé à l’école primaire de cette même rue, puis au collège Bébian, ce n’est que récemment que j’ai su qui était Auguste Bébian.
Cet homme fait partie des grands hommes de la Guadeloupe et du monde. Pourtant peu de gens (et peu de guadeloupéens) sauraient situer le personnage et son action parmi les sourds-muets.
Il est vrai qu'en Guadeloupe, des rues et des écoles portent le nom de Bébian, mais pour la grande majorité, ce n'est qu'un mom sur une plaque!
Auguste Bébian est un pilier de l’histoire des Sourds. Ce Guadeloupéen est l’un des précurseurs de la langue des signes. Premier entendant à utiliser la langue des signes dans l’enseignement.
Fabrice Bertin (écrivain et enseignant sourd-muet) a écrit de lui : « J’associe le nom de Bébian aux mots modestie, effacement de soi et émancipation, valeurs essentielles lorsqu’il s’agit de travailler pour une minorité stigmatisée et vulnérable. »
Sa naissance :
Auguste Bébian est né le 4 août 1789 à Pointe-à-Pitre, et le 24 février 1839 il décéda dans cette même ville.
Il était fils d’un commerçant originaire de Toulouse venu s’installer en Guadeloupe.
Ses études :
Roch-Ambroise Auguste Bébian fréquenta, grâce à son parrain l'abbé Sicard, l’institut des sourds à Paris et apprit au contact de ceux-ci la langue des signes naturelle dont il devint un ardent défenseur.
Bébian fit ses études au Lycée Charlemagne à Paris. Il fut lauréat du concours général en 1805 et en 1807.
Ses activités :
Bébian et les sourds-muets en France :
Auguste Bébian est le premier linguiste de la Langue des Signes française. Premier Entendant connu qui soit parfaitement bilingue, il démontra la portée de ce bilinguisme.
Devenu enseignant, il n’aura de cesse de défendre la langue des signes en tant que système linguistique à part entière afin d’éveiller l’intelligence des enfants sourds.
Bébian disait : "...il est absurde de vouloir baser l'enseignement des sourds-muets sur la parole, de choisir directement la faculté qui leur manque pour principal instrument de leur instruction."
C'est Bébian qui perfectionna l'alphabet par signes, tel qu'il est encore usité aujourd'hui par les sourds-muets.
Il écrivit plusieurs ouvrages, entre autres :
- En 1817, son premier ouvrage : Essai sur les sourds-muets et sur le langage naturel, ou introduction à une classification naturelle des idées avec leurs signes propres.
- en 1825 : Mimographie ou Essai d'écriture mimique, propre à régulariser la langue des signes.
- 1826-1827: Journal de l'instruction des sourds-muets et des aveugles.
- 1834 : Examen critique de la nouvelle organisation de l'enseignement dans l'Institution Royal des Sourds-Muets de Paris.
« Bébian fut successivement professeur et censeur des études à l'institution de Paris. Comme il avait fait une analyse approfondie du langage des signes, il corrigea ce qui lui parût inexact, ou vicieux, et, dès ce moment, les gestes acquirent une correction et une étendue qui répondaient à tous les besoins de l'intelligence des sourds-muets. » (Martin etcheverry, Directeur de l'Institution Nationale des sourds- muets de Paris)
En 1819, un concours ayant été ouvert par la Société royale académique des Sciences de Paris pour l'éloge de l'abbé de l'Epée (prêtre français, l'un des précurseurs de l’enseignement spécialisé dispensé aux sourds), Bébian remporta le premier prix.
Il refusa par la suite plusieurs postes importants entre autres, la direction de l'institution impériale des Sourds-Muets de Saint-Pétersbourg, et celle de l'Institution de New- York.
En 1826, il créé une école de sourds-muets à Paris, boulevard Montparnasse.
En Guadeloupe :
C'est en 1834, qu'il partit pour la Guadeloupe avec sa famille.
En février 1837, il prit la direction de l'Ecole mutuelle de Basse-Terre qui par un arrêté fut transférée à la Pointe-à-Pitre avec Bébian comme directeur.
Le nom de Bébian reste en Guadeloupe lié à celui de la première école pour les enfants de couleur : l’Ecole Mutuelle qu’il dirigea à Pointe à Pitre située à la rue de la loi, aujourd’hui rue Bébian.
En 1836, il perdit son père et son fils âgé de 10 ans.
le 24 février 1839 il mourut abandonné et pauvre, laissant dans une profonde détresse sa veuve, sans soutien et sans fortune.